Nouvelles de Martinique

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Résumé

Située au centre de l’arc volcanique des Petites Antilles entre la Dominique et Sainte-Lucie, la Martinique a été l’un des creusets les plus féconds du renouvellement, du ressourcement même, de la langue française. Sous l’impulsion d’Aimé Césaire (1913-2008), un des chantres de la négritude, puis d’Édouard Glissant (1928-2011), visionnaire de la créolisation du monde, cette terre d’écrivains et de poètes, de révolutions littéraires et intellectuelles, a connu au siècle dernier un rayonnement mondial.

Les nouvelles ici recueillies s’inscrivent dans ce sillage. L’histoire, avec tous ses soubresauts, y est fortement présente, qu’elle soit contemporaine ou plus lointaine. Toujours en filigrane avec parfois les sonorités de la langue créole, on y évoque les relations avec la métropole, l’exil, le métissage, l’esclavage… Si les douleurs du passé se font encore sentir, la vie, la force des liens familiaux, même mis à l’épreuve, reprennent toujours le dessus. Et la géographie, la profusion de la nature qu’il faut défendre face à toutes les agressions qu’elle subit et la richesse des traditions culinaires de cette île au charme fou font partie du quotidien ; elles sont le quotidien même. Édouard Glissant avait écrit : « Si tu n’aimes pas ton pays, personne ne l’aimera pour toi. » Ces six nouvelles, chacune à sa manière, sont autant de déclarations d’amour à la Martinique.

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Détails

ISBN : 978-2-35074-616-6Date de parution : 04/2021Façonnage : BrochéPoids : 0.180kgDimensions : 20x13cmPages : 160

Extrait

Étiennise ne l’aimait pas, c’était un fait indiscutable. En trois ans, elle avait accouché de deux garçons, deux poupins bruns comme des graines de bois d’Inde, parfaitement identiques, les mêmes yeux, les mêmes pieds, le même auriculaire tordu à la main droite, deux copies conformes de cet homme qu’elle rencontrait chaque dimanche après la messe et qui était marié à une autre. Son aîné âgé de dix-huit mois, tétait encore son sein alors que le petit, qu’elle oubliait régulièrement, braillait jusqu’à ce que son frère se mît à pleurnicher à son tour, entraîné par une empathie précoce envers son cadet.
« Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi mon doudou chéri », s’apitoyait Étiennise. Elle l’embrassait alors, remplaçait le téton par un minuscule morceau de canne à sucre et attrapait l’autre à contrecœur, celui qu’elle n’aimait pas, pour le coller à son sein qu’il gobait en s’étranglant dans un sanglot.

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