Ouvrages de l’auteur
Biographie
François Cervantes, né à Tours en 1959, est auteur et metteur en scène de théâtre. Il a créé en 1986 la compagnie de théâtre L’Entreprise. Il en assure depuis la direction artistique, à la recherche d’un langage théâtral qui puisse raconter le monde d’aujourd’hui, un langage qui traverse les frontières, qui ne soit pas arrêté par des références culturelles et qui parle directement aux spectateurs. Il a conçu une vingtaine de spectacles joués en France, en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique du Nord, en Indonésie. Ses pièces, dans un souci constant de renouvellement, mêlent le cirque au théâtre. La collaboration avec Catherine Germain a donné lieu à une recherche approfondie sur le travail de l’acteur et le théâtre des masques.
Depuis 2004, la compagnie L’Entreprise est installée à Marseille, à la Friche La Belle de Mai, pour tenter l’aventure d’une troupe, d’un répertoire et d’une relation régulière avec le public. Par ailleurs, François Cervantes dirige des ateliers de formation en France et à l’étranger pour des artistes de théâtre ou de cirque. Depuis 2003, il dirige à Marseille un atelier permanent, Le Garage, ouvert aux comédiens professionnels interrogeant l’art de l’acteur : si le théâtre peut être un art, quelle est la place du corps dans l’œuvre d’art ?
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Extrait du livre Le Clown Arletti
« J’ai rencontré Catherine Germain en 1986. Je me demandais comment le théâtre pouvait être un art. J’étais intéressé par un art objectif et collectif. Au théâtre, on ne parlait pas de l’art. C’était tabou. Ou alors, ça allait sans dire. On parlait de spectacles, de mises en scènes, de l’histoire du théâtre mais pas de l’art. Si je voulais entrer dans le territoire de l’art, il allait falloir que je trouve des points de repère. J’écrivais depuis des années. Il me semblait que l’écriture se dirigeait vers la parole échangée entre deux personnes, que la source de la littérature était dans le corps, que la parole était plus précieuse que l’écriture. Quand j’ai rencontré le théâtre, j’ai senti que j’avais trouvé l’endroit où le corps et la parole pouvaient être vécus ensemble, où le moment présent ne faisait pas partie de la continuité du temps, mais avait un secret propre, qui devait être en relation avec celui de l’art du théâtre. […] Sur un plateau de théâtre, l’acteur est entièrement vu. Sa voix transmet ses vibrations les plus intimes, les mouvements de ses pensées. Il est difficile de donner une définition de l’art, mais on ne peut guère séparer le fond de la forme. On ne peut pas séparer le propos d’une pièce, l’acteur, les mots qu’il dit, et le fond de l’acteur, même si ce fond est inconnu. Le théâtre devient un art quand le propos d’une pièce est en accord avec le fond de l’acteur. Mais le fond d’un acteur est complètement inconnu, et c’est peut-être le seul “fond” qu’il y ait au théâtre : le fond de l’être humain. Plutôt que de demander à l’acteur de se mettre au service du « propos » de la pièce, il vaut peut-être mieux avouer que le propos est toujours le même, c’est le fond de l’être humain, et qu’il s’agit de travailler à ce que la pièce éclaire le fond de l’acteur, que l’acteur accepte d’être éclairé par elle, d’être vu par elle. Que le texte, le personnage, ne soient pas des déguisements, mais des radiographies de l’acteur. Que l’acteur ne se cache pas, mais plutôt qu’il soit découvert. »