Paul de Musset (1804-1880) fit paraître en 1877 une biographie de son frère cadet.
1810. – Alfred de Musset naît le 11 décembre à Paris. Son grand-père était poète et son père un spécialiste reconnu de Rousseau.
1814. – Le jeune enfant s’éprend de sa cousine Clélie, alors adolescente, et se croit son mari jusqu’en 1818, puis découvre la duperie. L’exil de Napoléon l’affecte également beaucoup.
1819-1824. – Il entre au lycée Henri-IV. C’est un élève modèle à qui tout semble facile. Il lit avec son frère des romans de chevalerie. « Ainsi finit, écrit Paul, l’enfance d’Alfred de Musset, la période du merveilleux et de l’impossible, espèce de gourme que son imagination avait besoin de jeter, maladie sans danger pour lui, puisqu’il en sortit à l’âge où pour d’autres elle commence à peine, et dont il ne lui resta qu’un élément poétique et généreux, une certaine inclination à considérer la vie comme un roman, une curiosité juvénile et une sorte d’admiration pour l’imprévu, l’enchaînement des choses et les caprices du hasard. Ce penchant, un peu fataliste, se reconnaît aisément dans les nouvelles et les comédies, notamment chez les personnages auxquels l’auteur a prêté ses idées et ses sentiments. »
1827. – Il obtient le premier prix de dissertation française et le deuxième prix de dissertation latine au concours général sur le sujet « origine de nos sentiments ». Passionné par le théâtre, il écrit à son ami Paul Foucher : « Je veux être Shakespeare ou Schiller : je ne fais donc rien ! »
1828. – Il abandonne successivement le droit, la médecine, la musique et la peinture. Il fréquente les cafés à la mode et les dandys parisiens, se lie avec des femmes qui le trompent, en souffre beaucoup. Foucher le présente au Cénacle romantique. En août, Musset publie dans Le Provincial son premier poème, Un rêve, signé A.D.M. Puis il traduit la Confession of an opium-eater de Thomas de Quincey.
1829. – Il travaille quelques mois au « Chauffage militaire » pour un salaire dérisoire. Alfred Tattet devient son maître de débauche et son plus fidèle soutien. Son premier recueil de poèmes, Contes d’Espagne et d’Italie, conquiert les jeunes gens et les femmes.
1830. – Avec les Pensées secrètes de Raphaël, publiées avant la révolution de juillet, il prend ses distances par rapport au romantisme. Sa pièce La Nuit Vénitienne montée à l’Odéon est huée. La scène littéraire parisienne le dédaigne parce qu’il refuse l’engagement politique.
1831. – Il donne des articles au journal Le Temps et passe ses soirées au Café de Paris.
1832. – Son père meurt dans l’épidémie de choléra qui ravage l’Europe. Musset veut subvenir aux besoins de sa famille et publie le Spectacle dans un fauteuil. Sainte-Beuve fait son éloge dans La Revue des deux mondes.
1833. – Musset publie dans cette revue André del Sarto puis Les Caprices de Marianne. En juin, il rencontre George Sand, jeune auteur d’Indiana et Valentine. Grâce à elle, il fréquente des artistes, des écrivains, et renonce temporairement à ses habitudes. Finalement, ils partent pour l’Italie. À Florence, Musset imagine le futur Lorenzaccio.
1834. – George Sand et Musset s’installent au Danieli. Musset prend des notes pour ses contes futurs. Mais, après une fièvre cérébrale, il quitte seul Venise. Il publie On ne badine pas avec l’amour, redevient l’amant de George Sand, rompt de nouveau…
1835. – La rupture définitive a lieu en mars. Pour résister à la mélancolie, Musset reprend ses amours faciles, ses poèmes et ses drames. Il publie Les Nuits.
1836. – La Confession d’un enfant du siècle paraît en librairie. Octave, le personnage principal, est le porte-parole d’une génération minée par le mal du siècle. Lamartine l’encourage.
1838. – Au printemps, paraît Le Fils du Titien. Aimée d’Alton, maîtresse de Musset, est le modèle
de Béatrice. Mais Musset tombe amoureux de la tragédienne Rachel. Son sentiment de déchéance s’accentue. On lit dans le poème Tristesse :
J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaîté ;
J’ai perdu jusqu’à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
En octobre, grâce au duc d’Orléans, il est nommé bibliothécaire au ministère de l’Intérieur.
1839. – Sa santé se détériore. Il brûle le manuscrit inachevé du Poète déchu, s’exclamant : « C’est en vers qu’un poète peut se permettre de livrer au public l’expression vraie de ses sentiments et non dans le langage dont abuse le premier venu. »
1840. – Atteint d’une fluxion de poitrine, Musset est soigné par sœur Marcelline. Ses Œuvres Complètes paraissent en deux volumes.
1841. – Il revoit George Sand par hasard. Très ému, il compose Souvenir et confie à Paul : « J’ai livré aux bêtes mon cœur tout saignant. »
1842. – Paul écrit : « Le malheur, les regrets, le chagrin ne faisaient qu’exaspérer sa sensibilité. Les larmes lui venaient aux yeux pour un mot, pour un vers, pour une mélodie », évoquant le chagrin de son frère qui lui disait : « Je ne vois plus que les revers de toutes les médailles. »
1843. – Comme il néglige ses fonctions, Musset passe quelques jours en prison. Un Caprice est joué à Saint-Pétersbourg.
1844. – Au printemps, il est atteint d’une grave pleurésie mais compose trois contes pour Le Constitutionnel.
1845. – Musset reçoit la Légion d’honneur en même temps que Balzac.
1847. – Un Caprice est joué à la Comédie-Française. Le public découvre que « le romantisme a donné au théâtre un grand auteur dramatique ».
1848. – Deuxième République. Ledru-Rollin, membre du gouvernement provisoire, supprime à Musset son emploi de bibliothécaire.
1852. – Napoléon III empereur. Le 12 février, Musset est élu à l’Académie française.
1853-1856. – Musset sombre davantage dans l’alcoolisme et se distrait en voyageant. Il connaît quelques idylles platoniques avec de jeunes actrices.
1857. – Au retour d’un dîner chez le prince Napoléon, Musset est alité. Il meurt le 2 mai à l’âge de quarante-sept ans. Après les obsèques à l’église Saint-Roch, il est conduit au Père-Lachaise par une trentaine de personnes qui l’enterrent, selon son vœu, à l’ombre d’un saule. Les jeunes générations le détestent, faisant de lui le modèle du romantisme larmoyant.
